Bazencir
“oeuvres récentes”
du 22 septembre au 18 octobre 2008
from 22 september to 18 october 2008
« Ses figurations contemporaines sont aussi nombreuses que contrastées. Batailleuses, énervées, lyriques, ludiques, baroques, cultivées, primitivistes…elles en côtoient aussi d’autres, plus douces et plus discrètes, rebelles aux courants dominants, qui ont choisi l’éloquence feutrée.
C’est ce registre intimiste aux accords murmurés qui décline la syntaxe pudique et retenue de Bazencir. Fort de la sensibilité nue relayée par son imaginaire, il nous donne alors du réel une vision embrumée de fins dégradés, qui associe équilibre et harmonie. En combinant un bouquet de teintes estompées qui fixent le cadre où s’inscrivent ses sujets, il évoque la fallacieuse simplicité de l’existence et peint le silence. Soutenues par un sens de la construction sous-jacent, les formes s’enchaînent et se répondent sans hausser le ton, par petites touches glissées, innervées dans la fluidité d’une matière ponctuée de transparences.
Fardées d’une lumière diffuse fondue dans la pulvérulence de la chromie, ces images ne fuient pourtant pas les apparences, mais les réincarnent avec la distance qui sied à une perception économe de ses moyens. Car la désordre et le foisonnement ne sont pas ici de mise. Rien de plus rien de moins, tout est à sa juste place. Et les thèmes familiers du peintre de s’égrener avec une calme assurance. Natures mortes embuées, comme telle coupelle de fruits sur une table, jarres ombrées, siéges soulignés ou à demi révélés, murs érodés… distillent une sorte de frémissement diapré qui restitue aux choses leurs identité originelle.
Émancipé du superflu, ramassé au centre du support ou posé en retrait, bien que certaines lignes de fuite suggèrent des ouvertures, le motif élude la perspective au profit de la frontalité, en portant le réel aux confins de son affirmation et de sa fragilité. Gouvernées par les passages étudiés du pinceau de l’artiste, à l’instar de la vague toujours recommencée, ces compositions semblent en perpétuelle renaissance. Néanmoins, l’échelonnement des nuances, la souplesse du trait et les échanges veloutés de la couleur, commandés par un geste comptable de ses limites, n’occultent jamais le poids de la sensation et la mesure intérieure qui connotent l’esprit de ces partitions.
On l’aura compris, de l’œuvre cohérente et recueillie de Bazencir, s’exsude une vie condensée qui défie le temps. » Gérard XURIGUERA/2008