Denis Rival
Denis Rival (1935-2022)
Né à Bergerac (Dordogne)
Professeur de peinture à L’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de 1978 à 2000
Élève de Jean BERTHOLLE de 1960-1968
Parcours :
1959 Salon de la Jeune Peinture
1962 « 9 élèves de Jean Bertholle » Galerie Simone Heller, Paris
1964 Maison de Van Gogh, Auvers S/Oise, Rencontre avec Jean Hélion
1966 « Groupe Continuité » Salon Comparaison, Galerie Montmorency, Paris
1967 Invité au prix de la critique-Galerie du fleuve, Bordeaux-Galerie Knoedler, Paris
1968 Exposition personnelle, Galerie Échelle 30,Paris
1969 Dessin 1900-1969, Galerie Messine, Paris
1971 Exposition groupe, galerie l’Escalier, Bruxelles
1974 Exposition personnelle, Galerie du Fleuve, Bordeaux
1976 Les Oiseaux » Galerie Vercamer, Paris
1978 « Œuvres sur papier » Galerie Épalions, Clermont-Ferrand
1979 « de la figuration » Galerie Bellint
1980 Exposition groupe, Galerie H. Trintignant, Montpellier
1981 « Image du réel » Galerie P. Lescot, Paris
1984 « Figure, Figure » Gare de l’Est, Paris
1987 Exposition « New York »Galerie P. Lescot, Paris
1988 Exposition à Atlanta, Géorgie, USA
1989 Exposition à Landskrona, Suède « 10 peintres français »
1990 Exposition »Venise » à Atlanta, Géorgie, USA
1994 Exposition « Le Cirque » Galerie Sculptures, Paris
1995 Exposition « Le Cirque »Galerie Daniel Besseiche, Dinard
1999 Invité d’honneur à la Mairie du 15e, Paris
2001 Exposition « personnelle »Galerie D. Besseiche, Dinard
2005 Exposition JAZZ, Galerie D. Besseiche, Genève, Paris
2009 Exposition personnelle, Galerie Langlet, Paris
2016 Exposition personnelle, »Œuvres des années 1960-70, La Capitale Galerie, Paris
Participé aux Salons : Salon Comparaison, Salon de Montrouge, Salon de Mai…
Bibliographie :
Regard sur la peinture contemporaine
Les « Figurations »
Pastels, dessins, aquarelles, Gérard Xuriguéra
Collections d’état, privées :
1974 Achat Musée d’Aquitaine
1978 Ville de Paris
1979 Ville de Paris, Musée de l’Art Moderne
1982 Achat d’état au Salon de Montrouge
“Denis Rival
À une époque où nombre d’acteurs de la scène artistique se focalisent toujours sur les installations et les images de synthèse, le plaisir de peindre demeure au cœur de la pratique de Denis Rival. C’est son mérite d’avoir résisté à l’emprise des nouvelles technologies et à l’éphémère, et de continuer à croire à la pérennité de la peinture et à la charge de réel contenue dans chaque parcelle de vivant.
Par conséquent, la peinture de Denis Rival n’a jamais déserté le monde des apparences, mais sans aucune dévotion, en ce que globalement, elle n’a pas opté pour les voies strictement narratives. Car la réalité est chez lui davantage un miroir, sinon un tremplin pour libérer son imaginaire, plutôt qu’un motif autour duquel s’agrègent les unités qui la constituent. De fait, son écriture s’est naturellement attachée à brouiller les pistes, à travers une mise en page fortement remuée, où le référent, dilué dans l’emballement des formes, n’apparait jamais intact. Non qu’il ait véritablement disparu, mais il s’innerve dans le tangage des formes écharpées et le flux discontinu du chromatisme, en occupant frontalement la surface, tantôt en filigrane, tantôt en négatif, tantôt encore dans sa masse organique tremblée ou bien amalgamée à d’autres corps, dans un tohu-bohu concerté.
À ceci prés, que ces dispositifs structurels semés de turbulences éclatées, irriguées d’une lumière fractionnée, sont régis par une dynamique de tous les instants. Ici tout bouge et se rétracte, se crispe et se distend, orchestré par les élans d’un geste immédiat, contrôlé à bout de course. Les personnages eux-mêmes, saisis dans les vertiges de cette houle contrastée, ne sont souvent que des ombres, quand ils ne renaissent pas sous les feux ardents d’une matière froissée, assortie de voilages apaisés. On l’aura compris, loin d’être placée sous le signe d’un quelconque abandon, cette démarche est connotée par une pensée organisatrice fondée sur la maitrise d’un trait à la fois précis et enlevé, qui en assure l’équilibre précaire. Dans ces périmètres volontairement instables, perclus d’une humanité généralement réduite à son esquisse, l’artiste fait preuve d’une conscience claire des phénomènes existant entre la chose visualisée et son interprétation, dans le foisonnement ou l’économie.
Certes, les thèmes abordés : la rue, le cirque, les musiciens, les musées, les concerts, les marchés, les foules… sont multiples, mais le statut de l’homme dans la peinture, en est le socle fédérateur.
Maintenant, ce sont les commencements qui conditionnent et éclairent tout processus créateur. À cet égard, au cours de ses années formatrices à l’École des Beaux-Arts de Paris, Denis a hérité de l’enseignement de Jean Bertholle, qui incarnait, selon Max-Pol Fouchet « la passion intransigeante et sans compromis, habité d’une inquiétude pathétique » ce classique épris de rigueur et de spiritualité, dont il a retenu les préceptes comme il n’a pas oublié la façon du puriste Jean Hélion, revenu de l’abstraction la plus radicale, pour ne plus quitter la figure. Bien sûr, compte tenu de sa génération, il aurait pu basculer du côté d’une abstraction déclinante ou se tourner vers la figuration narrative, mais il a préféré creuser sa propre route et glisser progressivement du « ton local à la couleur » pour lui, une absolue nécessité.
C’est la raison pour laquelle, la période charnière, de 1960-1970 et légèrement après, l’interroge, dans la mesure où elle annonce la suivante et paradoxalement s’en démarque, parce que vouée à un certain enfermement, contrairement aux œuvres postérieures, des atmosphères urbaines aux scènes de pêche, des tauromachies, aux vues de New York. Alors, s’agit-il de faire le point ou d’une pulsion nostalgique ?. Les artistes sont coutumiers de ces regards rétrospectifs, qui les rassurent et confortent leur credo dans la continuité. Pourtant, la technique est identique, les lignes directrices sont les mêmes, le travail de révélation également, l’univers intérieur ne s’est pas non plus coupé de l’autre, aucun caprice, ni calcul n’affleurent. Tout s’épand, s’installe et se complète, les formes émanent
de leur source originelle, le dessin chante juste, les couleurs, très nuancées, appellent la lumière. Ce qui change d’évidence, c’est la thématique. Elle se concentre sur des atmosphères cloisonnées à la luminosité feutrée, notamment des serres essaimées de végétation exotique, nappées de solitude, où tranche un agencement linéaire de caractère géométrique. Dans cette phase intimiste, pas de personnages ou si peu, ainsi dans les « Trapézistes », perçus dans un exercice de voltige, mais des natures mortes austères, des intérieurs fatigués ou des ateliers poussiéreux donnant sur les toits de la cité, voire quelques paysages toniques.
Finalement, tout est dans la substance des choses et dans les pouvoirs de transgression de l’acte pictural, où s’inscrit le chiffre spécifique de l’artiste. Au fil de cette célébration du quotidien, Denis Rival nous donne surtout à voir et à méditer ce qu’il porte en lui de plus enfoui, ce qui est une façon de se découvrir soi-même.” Gérard Xuriguera