Jean-Pierre Lorence
JEAN-PIERRE LORENCE
Vit et travail à Paris et en Bretagne
“Je partage ma vie entre Paris et la Bretagne, c’est-à-dire entre verticalité et horizontalité.
Proche de l’abstraction et minimaliste, je laisse une large part d’interprétation au spectateur.
Je débute par des croquis réalisés sur place que je recompose dans mon atelier.
Mes paysages, le plus souvent, sont des horizons sans fin, traités parfois en noir et blanc, tantôt en couleur, en acrylique ou à l’encre de Chine.” JPL
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Ce que le silence dessine
“La première fois que j’ai vu une toile de Jean – Pierre Lorence, j’ai cru voir un paysage de mer. Une lumière blanche, lavée de vent, effleurait la toile. Grises, noires, ocres, les lignes flottaient à peine, comme posées sur un lit de sable. Et puis, en m’approchant, j’ai compris que ce n’était pas un paysage de mer. Ou pas seulement.
C’était un souvenir de paysage de mer. La trace d’un paysage de mer. Son ombre. Tout comme pour ces forêts, ces champs rasés par le vent, ces plaines nues, ces frondaisons à contre-jour, ces terres d’automne, ces ciels de fin de jour. Autant d’empreintes, toujours à la lisière entre ce que l’on voit et ce que l’on ressent. Des paysages qui ne se donnent pas. Qui surgissent.
Chez Jean – Pierre Lorence, le paysage n’est jamais un décor. C’est une matière vivante, mouvante, traversée. Il ne s’agit pas ici de figurer, mais d’évoquer. Ce n’est pas un lieu à regarder.
C’est cela, je le sais maintenant, qui me touche dans sa peinture : une justesse sans esbroufe, sans effets. Une peinture pudique, lente, patiente. Une peinture qui n’impose rien, mais laisse émerger. Qui ne raconte pas. Qui, au contraire, laisse venir.
Des sensations. Des réminiscences. Des émotions parfois si anciennes qu’on les croyait éteintes. Muettes.
Lorence peint ce qui demeure. Ce qui insiste. Ce qui affleure. Un monde sans spectacle, mais d’une profonde présence. Il travaille par couches, par retraits, par transparence. Ce qu’il laisse sur la toile est aussi important que ce qu’il efface.
Il y a là une forme de sagesse : accepter que tout ne se montre pas, que tout ne se dise pas. Qu’un tableau est aussi fait de silence. De retenue. Et qu’il faut, alors, s’y attarder. S’y perdre un peu. Le laisser faire son travail. Laisser faire le mystère. Et peu à peu, quelque chose s’ouvre. À l’intérieur de nous. Quelque chose d’intime.
Quelque chose de l’ordre du lien. De l’apaisement. Du souffle. Quelque chose de tendre. Cela fait du bien la tendresse.
C’est une peinture rare. Une peinture qui ne cherche pas à briller. Mais qui éclaire. Une peinture qui ne cherche pas à convaincre. Mais qui touche.
Et qui, sans bruit, vient habiter un endroit en nous, un endroit que l’on croyait, jusque-là, désert.” Renaud Borderie, le 9 mai 2025.